Pierre Thiry

Pierre Thiry, je te découvre au détour de Facebook et j’aimerais que tu nous en dises plus sur toi…Merci d’avoir accepté de jouer le jeu des questions : cela reste soft, tu vas voir !

Tout d’abord, qui es-tu Pierre Thiry ? Quel est ton parcours ?

Qui suis-je ?!?!? Tu appelles cela une question « soft » !!! Montaigne a écrit ses « Essais » pour y répondre, Marcel Proust a étendu ses phrases dans toutes la longueur de « La Recherche du temps perdu » pour esquisser une réponse, Gustave Flaubert a écrit « Madame Bovary », « Salambô », « L’éducation sentimentale », « Les trois contes » et « Bouvard et Pécuchet » pour l’esquiver… Et tu voudrais qu’un modeste et un sans grade, tel que je le suis réponde en quelques lignes à cette redoutable question… Je ne voudrais pas transformer cette interview en un texte de plusieurs volumes (il paraît que les lecteurs renoncent à lire les articles de blog trop long).

Quel est mon parcours ? Je vais prendre cette question sous son aspect métaphorique (car je suppose que tu ne demandes pas le détail de tous les tours et détours que j’ai fait depuis ma naissance pour arriver jusqu’à mon clavier d’ordinateur ce soir et répondre à ta question…). Pour résumer, je suis aujourd’hui animateur d’ateliers d’écriture, à Rouen, en Normandie, après avoir été administrateur d’une salle de « spectacle vivant » (un théâtre si tu préfères mais je préfère salle de « spectacle vivant » car tout ce que l’on programmait n’était pas du théâtre, il y avait aussi de la danse, des « arts mélangés », des « créations contemporaines », de la musique, j’ai aussi été programmateur de concerts). Cette période où j’ai été « spectateur » a été très formatrice et a contribué à me poser de multiples questions sur l’art, sa réception, sur l’esthétique…

Je suis aussi et j’ai toujours été un très gros lecteur.  L’animation d’ateliers d’écriture est à présent une activité qui me passionne Car c’est sans doute une des manières les plus pertinente de faire de la médiation culturelle aujourd’hui. Je me suis longuement formé à cette pratique d’animation. Ce souhait d’animer des ateliers d’écriture est aussi l’aboutissement de mon itinéraire personnel, de rencontres, de recherches et d’explorations.   Il y a dans notre monde fait d’écrans et de claviers un formidable appétit d’écrire mais aussi un grand besoin de se libérer des impératifs des machines. Une envie de vraies rencontres, détendues et souriantes à l’écart de la féroce cruauté du monde.

Dans un atelier d’écriture on s’assoit autour d’une table, avec son cahier, un stylo. Au contact du papier et du stylo, au contact des autres et d’une écoute mutuelle, au contact des mots, des paroles qui s’échangent se nouent de beaux chemins d’écriture, de belles raisons de continuer à aimer la vie dans ce qu’elle a de plus enthousiasmant. Je m’efforce dans cette activité d’ « accomplir quelque chose de possible dans cette chose impossible que nous savons être la vie » pour reprendre une très belle expression d’un auteur japonais (Okakura Kakuzo dans « Le livre du thé »). 

Pourquoi as-tu eu envie d’écrire ?

Pierre Thiry

Crédit photo : Lydie L. photographie

Cette envie d’écrire m’est venue dès que j’ai commencé à apprendre à le faire. Je me souviens avoir commencé à écrire à l’âge de sept ans mes « mémoires ». Que voulais-je commencer en décidant de noircir ce cahier ? Sans doute un long travail d’inlassable écriture qui n’est pas prêt de s’arrêter. Du moins je l’espère…

Rapidement, j’ai d’ailleurs découvert que pour faire passer ses sentiments il était bien plus pertinent et efficace d’écrire des fictions. Je l’ai découvert d’abord en lisant car envie d’écrire m’est aussi venue de mon gigantesque appétit de lecture. Longtemps j’ai lu en admirant, en m’émerveillant, en m’amusant, en jalousant parfois, en me fatiguant à comprendre de longs raisonnements ou des phrases elliptiques. Je crois que j’ai très tôt eu conscience de ce sentiment évoqué par Montesquieu pour parler de la curiosité : « Aimer lire, c’est faire un échange des heures d’ennui que l’on doit avoir en une vie, contre des heures délicieuses. »

J’ai voulu lire dans plusieurs langues. Il y a même eu une époque où j’aurais voulu apprendre toutes les langues. J’en ai étudié quelques-unes, j’en ai survolé d’autres et je n’ai pas encore complètement renoncé à cette envie, même si aujourd’hui mes efforts se concentrent surtout sur ma langue maternelle : le français, une langue que nous sommes près de trois cent millions à parler dans le monde, une langue que nous ne parlons pas tous de la même façon et c’est cela qui est passionnant. Je ne cesse de m’enthousiasmer pour le bruissement des paroles multiples qui rend notre monde vivable. C’est cette passion là qui m’a invité à écrire et qui continue à m’animer car j’aime jouer avec les mots…tout simplement. 

Combien d’ouvrages à ton actif à ce jour ?

Pierre Thiry

Crédit photo : Lydie L. photographie

J’en ai publié quatre : « Ramsès au pays des points-virgules » 2009 (« Fiction fantaisiste pour tous lecteurs de dix à cent-dix ans »), « Isidore Tiperanole et les trois lapins de Montceau-les-Mines » 2011 (un conte pour enfant), « Le Mystère du pont Gustave-Flaubert » 2012 (un roman), « Sansonnets un cygne à l’envers » 2015 (sous titré cent sonnets insignes allant vers).

J’en ai écrit deux qui seront peut-être bientôt réellement finis (mettre un point final à un livre est une des choses qui me paraît épouvantablement difficile, peut-être est-ce pour cela que j aime le point-virgule qui fait rebondir les phrases). J’ai deux autres projets qui sont encore cours et sur lesquels j’ai encore beaucoup de travail.  Je ne compte pas une infinité d’ébauches, de projets, d’écrits qui ne demandent qu’à prendre une autre forme, celle d’un volume imprimé avec une couverture, un début et une fin. 

 

As-tu une marque de fabrique ? Quelque chose que tu aimes glisser dans tes écrits ? (comme un ton spécial, un personnage récurrent…)

Je ne sais pas si j’ai une « marque de fabrique » si elle existe c’est plutôt à mes lecteurs de la découvrir. Une fois qu’un écrit est publié, l’auteur n’a plus grand chose à en dire. Un livre vit parce-que ses lecteurs s’en emparent. J’ai été infiniment surpris de la réception de « Ramsès au pays des points-virgules ». C’était un petit livre que je me suis amusé à écrire pour une de mes nièces… Un écrit que je n’ai jamais pris au sérieux mais que j’ai publié pour faire plaisir à tous ceux qui avaient commencé à le lire sous sa forme tapuscrite (et qui avaient aimé).

Cette « fiction fantaisiste pour tous lecteurs de dix à cent-dix ans » a eu l’honneur de recevoir de nombreuses critiques sur la blogosphère, en suscitant des avis souvent divers, parfois critiques (heureusement) mais avec aussi de vrais enthousiasmes un grand nombre de ses critiques ont été publiées sur le forum Babelio.

En 2014-2015, un mémoire de Master2 a été consacré à ce livre (au département « littérature française » de l’Université de Constantine), et en cette année scolaire 2016-2017 il est étudié comme « oeuvre au programme » dans une classe  d’un C.F.A. (Centre de Formation d’Apprentis).

« Sansonnets un cygne à l’envers », le dernier livre que j’ai publié a également fait beaucoup parler de lui sur les blogs. J’ai comptabilisé plus de cent critiques de blogs, sur le seul forum Babelio, il en a reçu quatre-vingt à ce jour. Si je devais trouver un point commun à mes livres ce serait qu’ils contribuent à faire écrire les autres. C’est d’ailleurs un peu l’objectif que je leur ai donné : « Ramsès au pays des points-virgules » contient dans sa conception même un aspect « jeu d’écriture », le lecteur est invité à y ajouter son imagination et sa plume.

« Sansonnets un cygne à l’envers » a également été écrit pour illustrer à quel point le sonnet est un merveilleux jeu d’écriture et j’évoque dans la postface une utilisation « créative » possible de ce petit livre (qui peut aussi se lire comme un livre normal, se savourer et s’offrir, notamment à l’occasion des fêtes de fin d’année). Une certaine forme d’humour est sans doute un caractère qui traverse les quatre livres que j’ai publié.

Il y a d’autre part un personnage que j’aime bien : Charles Hockolmess le chat noir au chapeau melon, il est présent dans « Ramsès au pays des points-virgules », il revient jouer un rôle dans « Le Mystère du pont Gustave-Flaubert »…

 Comment communiques-tu pour  faire connaître tes livres ?

Je crois que je communique assez mal… Je me débrouille comme je peux avec mon site internet, avec les réseaux sociaux, avec mes amis, avec les amis de mes amis, avec les amis des amis de mes amis… Je sollicite la presse écrite, parfois. J’ai la chance d’avoir eu quelques articles dans la presse locale à Rouen pour annoncer mes livres à leur sortie.

Pour « Le Mystère du pont Gustave-Flaubert » je suis même passé à la télévision, à la radio et le livre a eu droit à un compte rendu de lecture dans un périodique des Presses Universitaire de Rouen : la revue « Etudes Normandes » (numéro spécial « Armada 2013). La rédactrice de cet article, en le publiant, a fait un très beau cadeau à mon livre.

J’essaie de faire quelques salons du livre. J’ai participé à quelques salons dans la région de Rouen, mais aussi en région parisienne : le Salon du livre de Paris, l’incontournable mais aussi de plus petits salons dans les Yvelines notamment parce-que c’est près de la Normandie. Du moment que le salon est situé sur une ligne de train, je suis près à m’y rendre si l’on m’y invite. Je sollicite également beaucoup les blogs, parce-que j’ai beaucoup d’admiration pour les blogueurs qui prennent le temps d’écrire tant et tant d’articles en lisant tant et tant de livres. J’ai également plaisir à solliciter l’avis de personnes très différentes les unes des autres.

Ce qui m’intéresse le plus c’est la diversité des avis, la liberté d’interprétation qu’un texte littéraire peut susciter. Je suis convaincu que les livres existent beaucoup plus par leurs lecteurs que par leur auteur (même si je suis bien forcé de reconnaître que l’écriture est un travail important, infini même… Seulement ce travail, il est bon également qu’il ne se voit plus à la lecture). C’est parce que j’espère qu’ils seront lus que j’écris mes livres.

 Où peut-on les trouver ?

On peut les commander dans toutes les bonnes librairies. A Rouen, ils sont en général en stock dans les deux grosses librairies indépendantes de l’agglomération : la Librairie l’Armitière à Rouen, et la Librairie Colbert à Mont-Saint-Aignan (Rouen Université).

Ailleurs, ils ne sont en général pas en stock (quoique cela puisse arriver) mais il est toujours possible de les commander. J’insiste beaucoup pour que les lecteurs achètent mes livres en librairie et chez des libraires indépendants, chez de vrais libraires. Car j’aime les bons libraires. Nous avons la chance en France d’avoir un réseau de très important, souvent des petites librairies tenues par des passionnés. Il est très important de les solliciter. J’ai écrit mes livres pour les lecteurs mais aussi pour faire travailler les libraires. On peut aussi les acheter sur internet, par exemple sur le site leslibrairies.fr qui regroupe des libraires indépendants (mais aussi sur d’autres sites de vente en ligne qui n’ont pas besoin de moi pour faire leur publicité). Par ailleurs, à l’occasion des fêtes de fin d’année, je fais une « offre spéciale Noël » sur mon site internet.

Les internautes peuvent m’acheter directement via mon compte PayPal deux de mes livres (Sansonnets un cygne à l’envers et Le Mystère du pont Gustave-Flaubert, dédicacés aux personnes de leur choix) mais attention mon stock est limité. Certaines bibliothèques municipales ont également acquis mes livres.

Il est d’ailleurs toujours possible lorsqu’on est abonné à une bibliothèque de demander l’achat d’un livre que l’on souhaite lire (je le dis pour les personnes qui trouveraient que mes livres sont trop chers).

Pierre Thiry, merci pour toutes tes précisions !

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